28 January 2001 | – | – |
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Two French-language reviews of Heavy Trash and Cheveu at Festival Mo’Fo, Les Mains d’Oeuvre, Saint-Ouen on 28th January 2011.
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DANSLE MURDUSON REVIEW: Heavy Trash + Cheveu, Paris, les Mains d’Oeuvre, le 28 janvier 2011 Commençons par répondre à la question que tous nos lecteurs (et probablement une bonne partie de ceux de la concurrence) ne peuvent s’empêcher de se poser : oui, mon dos a tenu le coup. Mon pauvre dos meurtri, usé, régulièrement coincé depuis un mois (je ne vous refais pas tout le truc, vous lisez j’imagine la presse pipole) n’a pas craqué, ce qui était loin d’être gagné au départ. C’est qu’hier soir, du côté des Mains d’œuvre (ou du, je ne sais jamais), il y avait le grand concours annuel des bêtes de scène. Et cette année dans l’arène, le match était relevé entre Cheveu, sans le moindre doute l’un des meilleurs groupes live actuellement dans le championnat européen, et Heavy Trash, stars de la conférence US emmenées par Jon Spencer (dont Bêtedescène est le second prénom). Autant vous dire que dans un tel contexte ce n’est que d’une oreille distraite que l’on a écouté les autres groupes, Eldia mis à part (mais leur musique tenait en un mot : « sans intérêt ») (pardon, ça fait deux mots… on la refait : “mais leur musique tenait en un mot : insipide”) (je sais, c’est méchant, mais quand on a mal au dos et qu’en plus on a arrêté de fumer, on n’est pas forcément dans les bonnes conditions pour écouter ce genre de groupe, sans look, sans charisme, sans chansons et sans présence scénique… bref de la pop-rock de foyers socio-éducatifs). Après la mise en jambes (enfin, en dos), donc, Cheveu attaque, vite, fort et tout en fureur. On en attendait pas moins de leur part, et si le trio aura pu paraître un brin en-dedans par rapport au concert vu au même endroit l’an passé, Cheveu aura toutefois fait du Cheveu, donc un show quelque part entre Fun House et une crise d’épilepsie. Rappelons pour ceux qui l’ignoreraient qu’un show de Cheveu suit en général deux axes précis et distincts : raconter des trucs que personne ne comprend sur des nappes de sons tellement moulinés que personne ne les entend. Le tout en sautant partout, éructant, et faisant peur aux mamans présentes dans la salle. Oui parce que dans le cadre du sympathique Festival Mo’ Fo’, il y a quelques mamans dans la salle, quoique pas longtemps – la musique de Cheveu pour géniale qu’elle soit a une fâcheuse tendance à totalement évider l’auditeur au bout de la première demi-heure. De fait, la première partie du set nous aura transformé en robots headbangueurs, quand la seconde nous aura vus tenter, hagards, d’atteindre le bar. Cheveu, ou l’Apocalypse version lo/fi. La barre est placée haut, mais soyons honnêtes : il faudra encore quelques années à David Lemoine, géant devant autant à Jésus qu’à Rain Man, pour rivaliser avec Jon Spencer. Véritable roi du rock’n’roll, ce dernier a une fois encore mis le feu, ce qui n’est jamais que le minimum syndical lorsque le Lord du rock’n’roll New Yorkais se déplace quelque part. Sacré personnage tout de même que ce Spencer, qui traîne dans le circuit depuis presque trente ans sans qu’on soit jamais tout à fait parvenu à le cerner. On l’avait vu des dizaines de fois avec le Blues Explosion, jamais avec Heavy Trash, et la manière dont il se réincarne pour l’occasion en icône rockab’, prêcheur sudiste le diable au corps… il y a de quoi être soufflé. Théâtral, branleur, irritant, gueulard, marrant, baratineur… le Spencer de Heavy Trash se place parfois aux antipodes de celui du Blues Explosion, dans une véritable performance d’acteur où tout, du look à la gestuelle en passant par l’accent même du gaillard… TOUT, donc, semble être fait pour bâtir un univers et un groupe à parts entières. C’est très étonnant, et bien entendu épatant de groove, de classe et de morgue. Spencer a une telle présence et dégage une telle énergie qu’il est de toute façon l’un des rares artistes que l’on adore de la même manière sur scène, que l’on connaisse son œuvre par cœur ou pas du tout. Ça danse, ça braille, ça n’en finit plus… que dire de plus ? Si vous n’avez jamais vu une foule électrisée, on vous recommande chaleureusement d’assister à un concert du Heavy Trash au moins une fois dans votre vie…. Thomas L’affiche de cette soirée me narguait depuis de longues semaines mais l’état de mes finances me retenait de me précipiter sur les premiers billets venus. Finalement, deux jours avant, je n’y tenais plus et c’est en courant que je me suis rendue à la FNAC la plus proche pour me procurer les pass tant désirés. Quoi, me direz vous, Encore Cheveu aux Mains d’Oeuvre ? Deux fois en moins d’un an ? Oui, bon, mais c’était tellement intense la première fois qu’ils m’ont fait succomber une seconde. Et puis, il y avait Heavy Trash, et je n’avais jamais eu l’honneur de voir John Spencer en chair et en os. Le trajet des Hauts de Seine à la Seine Saint Denis fut épique et épuisant. Mais c’est sains et saufs que nous arrivâmes sur place. Avant le début d’un concert digne d’intérêt, nous eûmes le temps de faire un détour par la brocante vintage et les stands des petits disquaires présents. Le tout était plutôt alléchant mais malheureusement, mes poches vides ne me permettaient pas de me ruer sur la jolie robe Courrèges 1954. Autour de nous, beaucoup de trentenaires branchouille mais sans-le sou mangent du couscous végétarien en buvant de la Grolsch. Mais disséminés ça et là dans les allées, on peut aussi apercevoir des quinquagénaires collectionneurs avides de vinyls perdus. Nous prîmes ensuite la direction de la scène Mo’ pour assister au concert d’Eldia, groupe dont je ne connaissais que le nom, pour l’avoir vu un paquet de fois sur des affiches ou dans Lylo. Finalement, la prestation des cinq jeunes gens n’avait que peu d’intérêt pour moi (même si les groupies des premiers rangs n’étaient pas de cet avis) et c’est donc dans un relatif ennui que la soirée débuta. Tout cela manquait vraiment de caractère. Une bonne demi-heure de queue au bar plus tard, la foule de plus en plus dense et agitée retourna dans la salle. Avec son pull complètement troué et son allure de clodo sous acide, le chanteur de Cheveu fait peine à voir. Mais au bout d’une minute, on est déjà tous fascinés. Les gens hurlent, sautent et moi, je n’arrive pas à détacher mon regard de ce type aux épaules en dedans qui parle en levant le bras et en scandant ses phrases comme un prédicateur ou un homme politique. Mais à la fin de chaque chanson, il s’excuse, visiblement pas convaincu lui-même de sa performance. C’est vrai qu’il n’a pas l’air aussi sûr de lui que la dernière fois, mais c’est normal, il ne joue presque que des nouveaux titres. Ca fait du bruit, c’est prenant et fort et le mec gesticule pour essayer de nous persuader de je ne sais trop quoi. Dociles, on ne veut pas le contrarier alors on le suit quand il nous raconte une sombre histoire de ville sans oiseaux ou rend hommage à Charlie Sheen qui “a quelques soucis en ce moment”. Malheureusement, l’heure tourne et la peur de louper le début d’Heavy Trash sur la scène Fo’, commence à se faire ressentir. Armés de courage, nous traversons donc la salle en évitant les coups des jeunes pogoteurs survoltés et arrivons sans encombre de l’autre côté. Mais tout est calme. John Spencer n’a pas encore commencé son show. Un tout autre spectacle nous attend. Dans la deuxième salle, le public est tellement hétéroclite que si on ne connaissait pas le programme, on se demanderait vraiment à quoi on va assister ! Mais aux premières notes de l’orchestre, c’est le retour dans les fifties garanti. John Spencer habite littéralement la scène, on voit bien qu’il y est chez lui. Quel charisme ! Rapidement, le public se laisse emporter par sa voix de crooner aux manières de bad boy. Le groupe, vêtu de costumes bleu marine assortis à l’ambiance de sa musique, gomina comprise, enchaîne les titres à un rythme trépidant. Il fait chaud, les musiciens transpirent et nous aussi. Il faut dire que les spectateurs, tous âges confondus, se sont mis à danser. Les gens sont heureux, sourient, boivent et tapent dans leurs mains, signe que le concert est réussi. Entre les morceaux, John Spencer nous raconte des choses quasi-incompréhensibles à cause de son accent sudiste forcé et de sa vitesse d’élocution difficile à suivre. Lorsque, le dernier titre achevé, les lumières se rallument, c’est fâché qu’il quitte la scène à regret. Il réussira à se faire entendre par l’équipe organisatrice et rejoindra cette grande fête pour trois nouvelles chansons. C’est bien simple : on dirait qu’il ne veut plus partir. Pourtant, il le faudra bien car il est déjà près d’une heure du matin. On s’étonne de voir tant de monde encore à Saint-Ouen, mais on comprend que louper la fin de ce concert aurait été criminel. C’est le sourire au lèvre, malgré le mal de dos et de jambes et la perte sensible d’audition, que nous regagnons la voiture, satisfaits de cette soirée riche en émotions fortes. Heureusement, le retour sera bien moins pénible que l’aller. |